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Pour aider les enfants à grandir
Le 20 avril 2024
Pourquoi mon enfant est-il agité ?
Votre enfant ne tient pas en place ! A la maison, rares sont les moments de calme. En classe, il a beaucoup de mal à rester sur sa chaise, ses stylos tombent sans cesse… Que traduit cette agitation ? Comment la canaliser ? Explications et conseils d’Emilie Moreau-Cervera, psychologue clinicienne.
Quand parler d’agitation ?
Attention ! Toutes les agitations ne sont pas les mêmes ! Il y a une agitation purement motrice et une agitation qui empêche de penser.
Il faut aussi distinguer les enfants agités en permanence, qui ne se calment que très rarement, et les enfants qui traversent des phases d'agitation, à certains moments de la journée ou à l'occasion d'événements particuliers. Dans ce deuxième cas, cela peut tout simplement être le signe d'un manque de sommeil !
L’agitation, est-ce de l’hyperactivité ?
Ce mot est à la mode, mais c'est une dérive langagière. L'hyperactivité désigne quelque chose de précis, qui mêle activité psychoaffective et psychomotrice très intense. Or un enfant agité, ce n'est pas la même chose ! Cet écart de langage tend à rendre pathologique une réalité pourtant très courante.
Que traduit une grande agitation ?
Elle est le fait d'enfants qui ont des difficultés à contenir l'intensité de ce qu'ils vivent, comme si quelque chose les débordait sans qu'ils parviennent à le réguler.
Les causes en sont variées : il peut s'agir de l'expression d'une insécurité, d'une angoisse, ou d'une difficulté à trouver sa place et à en ménager une aux autres, comme si les limites entre soi et les autres étaient mal repérées. Le contact des autres génère alors une grande excitation difficile à maîtriser.
Les garçons sont-ils plus agités que les filles ?
L'insécurité ou la difficulté à être seul sont partagées par tous, garçons comme filles. En revanche, les garçons sont plus enclins à y réagir par le mouvement, en montrant leur présence par l'agitation. On retrouve cette différence à l'adolescence.
L’agitation n’est-elle pas une façon de se rendre intéressant ?
On dit souvent cela, et ce n'est pas totalement faux, dans le sens où un enfant très agité attire ainsi l'attention des adultes parce qu'il a besoin de leur présence pour se calmer. Les adultes s'y résignent d'ailleurs : “On ne peut pas le laisser seul, il finira par se faire mal, par casser quelque chose, etc.”
L'adulte – parent, enseignant – l'aide à réguler son interaction avec ses pairs et avec les choses, lui apprend peu à peu à se rassembler. Rappelons-nous des tout-petits. Autour de 2-3 ans, leurs premières colères, leurs premiers chagrins, sont d'une grande intensité. Livrés à eux-mêmes, ça “part dans tous les sens”, dans une immense et angoissante agitation.
En accompagnant les enfants lorsqu'ils éprouvent ces émotions qui les submergent, on les aide peu à peu à les repérer, à les nommer et finalement à les accepter. Certains enfants requièrent un accompagnement plus long.
Le 19 janvier 2014 Emilie Moreau-Cervera, psychologue clinicienne, propos recueillis par Anne Bideault
Photo : Vicheslav-Thinkstock
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A propos d'Emilie Moreau-Cervera
Emilie Moreau-Cervera est psychologue clinicienne. Elle a commencé sa carrière en pédopsychiatrie au CHU de Saint-Etienne, où elle recevait en consultation des enfants de 0 à 16 ans.
Elle partage aujourd'hui son temps entre un institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP) de Lyon et son propre cabinet.