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Adolescents

Mon ado veut un piercing, comment réagir ?

De nombreux adolescents aujourd’hui ont envie d’un piercing. Phénomène de mode, volonté de montrer son appartenance à un groupe, une génération, le piercing n’est toutefois pas un acte anodin. Comment répondre à la demande de son ado ? Le point de vue de Marie Rose Moro, pédo-psychiatre spécialiste des adolescents.

 

 

Face à une demande de piercing, ou de tatouage non éphémère qui entraîne aussi des saignements minimes, à nous de dire si nous sommes d’accord ou pas. A nous aussi d’informer sur les risques. Si nous sommes d’accord, imposons que cela se fasse dans les conditions d’hygiène prévues par la loi : locaux propres, stérilisation du matériel pénétrant la peau, port de gants stériles, lavage très soigneux des mains du « pierceur-tatoueur » avant et après chaque opération, désinfection de la peau ou des muqueuses du futur « piercé » ou « tatoué ».

Pas d’accord ? Faisons patienter l’ado

Si nous ne sommes pas d’accord, gagner du temps se révèle souvent une bonne stratégie : « nous en reparlerons quand tu auras 17 ou 18 ans… ». Cela peut permettre à l’adolescent de passer à autre chose.
Parfois, cela aboutit à l’effet inverse parce que certains ados veulent un piercing uniquement pour embêter leurs parents. Devant un refus, ils peuvent en quelque sorte « vouloir se faire mal » et le faire « à la sauvage », parce qu’ils savent que ça va toucher leurs parents. Plutôt que de rentrer dans une interconnexion comme cela, où l’ado ira se faire mal, nous pouvons l’aider à sortir de cette attitude de provocation en négociant quelque chose de stable : un seul piercing, petit, à tel endroit, réalisé dans de bonnes conditions.

Ce que signifie le piercing

Il est évident qu’un piercing isolé chez quelqu’un qui va bien n’a pas du tout la même signification qu’un quatrième piercing, après les oreilles, les sourcils et le nombril, chez quelqu’un qui est en difficulté à l’école. Un piercing à l’adolescence a une signification dans l’ensemble de ce qui arrive à l’adolescence. Ce n’est pas un acte isolé, il appartient à un processus. Dans le deuxième cas, les parents n’ont plus à négocier mais plutôt à protéger leur ado : « tu veux te faire mal, moi je ne te laisse pas faire, nous allons consulter d’abord ».

Quand l’ado provoque ses parents

En demandant un tatouage, un piercing, ou deux ou plus, un adolescent peut être dans la provocation. Il peut chercher à nous faire réagir nous, ses parents. Si la provocation est si importante à cette période c’est que les ados veulent montrer qu’ils ont des positions différentes de celles des adultes. Ils mettent donc en acte ces positions par exemple en s’habillant de telle façon, en parlant de telle façon, ou en séchant les cours, de telle façon que l’adulte dise « moi je ne suis pas d’accord avec ça ». Ils ont besoin d’affirmer leurs différences par des mises en scène.

Provoquer pour communiquer

Ce comportement peut venir de l’ado qui en effet ressent un tel besoin, ou des positions intransigeantes des parents qui ne montrent pas qu’ils entendent les différences de leur ado. Ce que je trouve de bien dans la provocation, c’est que l’ado a encore envie de s’adresser à quelqu’un et a quelqu’un à qui s’adresser. Alors que dans la dépression, l’ado ne s’adresse plus à personne. Les ados déprimés attirent beaucoup moins l’attention. Pour travailler, moi je préfère un ado provoquant ! Et quand un ado déprimé devient provoquant, je me dis qu’il a accompli une étape. »
 

 

Le 23 janvier 2014
Propos recueillis par Odile Amblard

Notre spécialiste, Marie Rose Moro

Marie Rose Moro, pédo-psychiatre spécialiste des adolescents, dirige actuellement les ados expliqués à leurs parents

la Maison des adolescents, Maison de Solen à Paris. 

 

Elle est notamment l’auteur du livre « Les ados expliqués à leurs parents », Bayard.

 

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