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En famille

Pourquoi est-ce parfois difficile de confier un petit à ses grands-parents pendant les vacances ?

Votre enfant va passer quelques jours avec ses grands-parents. Si l’idée d’un peu de temps libre vous réjouit, elle ne suffit pas à chasser vos inquiétudes… Respecteront-ils vos règles d’éducation, ne sera-t-il pas trop gâté ? Les conseils de Nicole Prieur, psychothérapeute, pour profiter sereinement, toutes générations confondues, de ces vacances.

 

Pomme d’Api : Est-ce évident de confier un tout-petit à ses grands-parents ?

Nicole Prieur : Confier son enfant à ses grands-parents pour quelques jours de vacances est une décision plus complexe qu'il n'y paraît. Les parents sont ravis d'avoir du temps pour eux et se réjouissent de contribuer à renforcer par ce séjour un lien privilégié entre leurs enfants et leurs propres parents. Cette continuité familiale les rassure.

Mais, très souvent, ils craignent que leurs enfants prennent de mauvaises habitudes chez Papi et Mamie, que leur éducation soit remise en cause alors qu'ils ont déjà beaucoup de mal à imposer des limites. Il est aussi possible, qu'inconsciemment, ils redoutent que les grands-parents prennent trop de place dans la vie affective de leurs enfants.

Enfin, il peut exister une forme de jalousie : ces grands-parents si patients, si disponibles, si souriants avec leurs petits-enfants, eux n'en ont jamais profité ! Quand ils étaient enfants, leurs parents étaient plus austères, plus sévères et beaucoup moins “gâteaux” !

PdA : Concrètement, comment se manifestent les inquiétudes des parents ?

Nicole Prieur : Les parents inquiets ont parfois tendance à se montrer un peu rigides et directifs, en assaillant les grands-parents de consignes et de recommandations, par exemple. Une attitude qui complique la situation quand les grands-parents perçoivent qu'on les juge inaptes, “hors circuit”, qu'on ne leur fait pas confiance. Pire, qu'on veut régler des comptes avec eux.

Ces injonctions insistantes peuvent, pour eux, signifier : “Nous, jeunes parents, nous connaissons le mode d'emploi. Nous vous disons comment faire pour vous éviter de reproduire les erreurs que vous avez commises avec nous.” Les grands-parents, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, comprennent parfaitement la teneur du message et risquent d'en être très peinés.

PdA : Et les petits-enfants, comment réagissent-ils à ces tensions ?

Nicole Prieur : Les enfants vont, bien évidemment, ressentir ces tensions, même si elles ne sont pas vraiment exprimées et que tout se passe derrière d'aimables sourires ! Si les recommandations données par les parents aux grands-parents sont trop strictes (jamais de bonbon, pas de coucher après 20 heures, etc.), ces derniers vont forcément être amenés à s'en éloigner, surtout au moment des vacances.

Résultat, les petits-enfants seront perdus, pris dans des conflits de loyauté. Si je prends ce bonbon, est-ce que je ne vais pas trahir mes parents ? Si je ne le prends pas, ne vais-je pas faire de la peine à mes grands-parents ? Dommage de les mettre dans une telle situation…

En l'absence de tensions, ils retireront une image harmonieuse de la famille qu'ils pourront inscrire tranquillement dans la chaîne des générations.

 

Le 10 juin 2013 Nicole Prieur, propos recueillis par Isabelle Gravillon, pour Pomme d'Api

A propos de Nicole Prieur

Nicole Prieur est philosophe et psychothérapeute d'enfants et d'adolescents. Elle est l'auteur de Amour, famille et trahison, éd. Marabout, 5,90 €.

Elle se passionne pour les relations familiales et intergénérationnelles. Elle est elle-même plusieurs fois grand-mère !

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