Psychologie de l’enfant : pourquoi est-il bavard ?

Votre enfant est un véritable moulin à paroles. Que révèlent ses bavardages… parfois bien fatigants pour son entourage ? Comment réagir ? Harry Ifergan, psychologue et psychanalyste, répond aux questions de la rédaction du magazine Toupie.

 

Quelles angoisses le bavardage peut-il cacher ?

Harry Ifergan : À celles, bien connues, d'être arraché à la mère, abandonné, ou dévoré par le loup, s'ajoute la rivalité fraternelle. Qui n'a jamais craint, quand il était enfant, d'être le moins aimé de sa famille ? D'être éclipsé par un petit frère, au centre de toutes les attentions, ou par une grande sœur ressentie comme plus douée ?

C'est aux parents de libérer les enfants de cette angoisse, en resituant la hiérarchie de chacun dans la fratrie, et en marquant bien la différence. Il s'agit, concernant l'aîné, de lui donner par exemple une portion de frites plus importante que celles accordées à ses frères et sœurs, de lui permettre de se coucher plus tard, de répondre au téléphone, etc.

La logorrhée excessive de votre enfant peut aussi révéler ce que les spécialistes appellent l'angoisse de la castration. Entre 3 et 8 ans, l'enfant est souvent limité dans ses initiatives. Les adultes ne cessent de le couper dans ses élans, en lui demandant de donner la main, de ne pas caresser le chien, de ne pas courir, etc. Cela peut devenir frustrant et angoissant, quand l'enfant réalise qu'il n'est pas tout-puissant. Là encore, c'est un passage obligé pour beaucoup d'enfants.

Et, dans certains cas, le bavardage sert à protéger l'adulte de ses propres angoisses. L'enfant est une éponge. Il les ressent, sans les comprendre. En parlant sans cesse, l'enfant provoque un bruit de fond permanent, évitant ainsi à l'adulte de se retrouver face à ses propres angoisses !

 

Le 30 mars 2012 Propos recueillis par Paule Battault pour le magazine Toupie.

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