Suicide et adolescence  : “La mort me paraissait être une délivrance”

Le suicide fait plus de 10 000 victimes par an en France. C'est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Adolescente, Stéphanie a beaucoup pensé au suicide. À 29 ans, elle a écrit au magazine Phosphore pour témoigner de cette période difficile et de son long chemin pour arriver à aimer la vie.

 

“Je n’arrivais à trouver ma place nulle part”

« Ancienne lectrice assidue de Phosphore, je le consulte encore fréquemment à la médiathèque. Je suis régulièrement bouleversée par vos lettres. Celle de Manon (courrier de décembre 2010) et sa tentative de suicide (mars 2011) m'ont décidée à témoigner : j'ai 29 ans, et il y a onze ans maintenant, j'étais moi aussi “au fond du trou”.

Je venais de vivre des années collège et lycée désastreuses : fille de prof, “intello” ne s'intéressant pas aux mêmes choses que la majorité, j'étais isolée et n'arrivais à trouver ma place nulle part. D'autant qu'il y a bien une chose que je n'ai jamais pu faire, c'est renier ce que j'étais et me transformer pour correspondre aux normes adolescentes de l'époque. J'en suis d'ailleurs très fière aujourd'hui. »

“Très peu d'amies, pas de sorties, pas de soirées…”

« La communication était très difficile avec mes parents – leur éducation ne les encourageait pas à exprimer leurs émotions. Ma vie se résumait à travailler. Très peu d'amies, pas de sorties, pas de soirées (lorsqu'on habite à la campagne, ça n'aide pas).

Pendant sept ans, ma vie s'est réduite aux cours et aux devoirs, avec quelques échappées dans la musique et les livres. Je ne parle même pas d'amour, étant donné que j'étais tout, sauf le type de fille qui plaît (j'avais bien évidemment un appareil dentaire et de l'acné). »

“La mort me paraissait être une délivrance”

« Bref, la “vie”, je la voyais à travers une paroi de verre, je ne me sentais pas concernée par elle ; la société me donnait l'impression d'être une broyeuse de personnalité.

En classe de terminale et lors de mon année d'hypokhâgne, j'ai beaucoup pensé au suicide. La mort me paraissait être une délivrance. Je me promenais avec des lames de rasoir dans ma trousse – mes “sorties de secours” au cas où la vie deviendrait trop insupportable pour moi.

 

Le 10 juin 2013 “J’ai mis du temps à aimer la vie”, témoignage de Stéphanie, 29 ans, dans la rubrique “Ma vie m’a dit”, numéro de juin 2013 du magazine Phosphore

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