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Adolescents

Oui, la puberté commence plus tôt aujourd’hui

Ils ont 9, 10, 11 ans… ils ruent dans les brancards, se métamorphosent vite. Bienvenue dans la préadolescence ? Pas si simple. Décodage d’une étape charnière entre enfance et adolescence à vivre pleinement… quand vient le temps.

 

 

Les cas de puberté précoce en augmentation

Aujourd’hui, les enfants commencent leur puberté plus tôt qu’autrefois. C’est un fait ! Ce phénomène a pu rendre nécessaire l’invention de la notion de préadolescence dans les années 90. Cela dit, ce « rajeunissement de la puberté » ne date pas d’hier. L’âge moyen des premières règles est passé de 17 ans au XIXe siècle, à 15 ans en 1930, et 12 ans et demi en 2008. Il est vrai toutefois que les médecins observent tous une accélération du processus : les cas de puberté vraiment précoce, avant 9 ans pour les garçons et avant 8 ans pour les filles, sont en nette augmentation.

 

Les polluants et le surpoids en cause

Ainsi, en 2012, à l’hôpital Necker de Paris, le service d’endocrinologie pédiatrique a enregistré une hausse de 20 % des suspicions de puberté précoce par rapport à l’année précédente. « Les polluants présents dans notre alimentation, comme les engrais et les pesticides, ou le bisphénol dans certains contenants… sont montrés du doigt car ce sont des perturbateurs endocriniens, explique le Dr Chantal Stheneur, pédiatre à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt.

 

L’augmentation du surpoids et de l’obésité chez les enfants dans les pays occidentaux est aussi en cause. » Quel rapport ? « Les tissus graisseux sécrètent une hormone, la leptine, qui régule à la fois l’appétit et les mécanismes endocriniens de la puberté. Plus la masse grasse est importante, plus le taux de leptine est élevé et plus la puberté a de chance de se déclencher tôt. » C’est ce qui a permis de comprendre pourquoi les enfants adoptés, venant de pays défavorisés où ils avaient pu connaître la faim, étaient plus exposés à la puberté précoce : une prise de poids rapide lors de leur arrivée en France bouleverse leur équilibre hormonal.

 

Enfin, « le brassage ethnique joue aussi un rôle déterminant, reprend le Dr Chantal Stheneur. Les petites filles ont, par exemple, leurs règles plus tôt dans la population d’origine africaine. Quand cette population est importante dans un pays, l’âge moyen de la puberté s’en trouve abaissé. » Notre œil de parents s’habitue donc à croiser des élèves de primaire de plus en plus grands, ayant visiblement commencé leur métamorphose. Pour un peu, même si les enfants qui ont été diagnostiqués précoces ne restent qu’une minorité – autour de 15 % d’après une étude américaine –, nous verrions des préados partout…

 

Non, les enfants ne sont pas plus mûrs !

 « Mon fils a commencé son adolescence à l’âge de 8 ans. » Cette remarque, le Dr Jean Chambry, pédopsychiatre à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), l’a souvent entendue, dans la bouche de parents consultant pour leur fils ou leur fille après des crises de nerfs spectaculaires. Physiquement, les enfants concernés semblaient avoir une croissance normale, la plupart du temps, mais les parents les voyaient au mieux comme des préados, au pire comme des adolescents déjà immaîtrisables.

 

« Seule évidence, ces enfants étaient dans l’opposition constante et ne supportaient pas les limites. Dépassés par l’intensité de leur frustration, ils pouvaient être d’une grande violence vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres. De là à y voir le début de l’adolescence, sûrement pas, prévient-il.

 

Les parents font beaucoup de projections sur leurs enfants en les considérant trop tôt comme des préados. » Et ce n’est ni le marketing attisant dès l’école primaire l’envie de posséder un téléphone portable – symbole d’émancipation par excellence –, ni la mode proposant une image hypersexualisée des petites filles qui vont nous aider nous parents à faire preuve de discernement…
 

 

* Sources : Santé Mentale, n°162, 2011.

 

Le 2 janvier 2014
Sophie Viguier-Vinson
Photo : Getty Images-Thinkstock

Puberté précoce, comment accompagner les enfants

3 questions au Dr Hélène Bony, pédiatre endocrinologue au CHU d’Amiens


Quand faut-il consulter ?
Hélène Bony : Dès que les parents notent des changements avant 8-9 ans chez les filles et 9-10 ans chez les garçons. Ces derniers sont moins concernés par la puberté précoce que les filles, mais il faut tout de même ouvrir l’œil. Le médecin de ville pourra juger bon de les orienter vers un service de pédiatrie à l’hôpital.


Quels examens sont proposés ?
H. B. :
Une prise de sang pour effectuer des dosages hormonaux, une échographie pour observer la croissance des organes sexuels internes pour les filles et une radio afin de connaître l’âge osseux. Le but est de déterminer si cette puberté est primaire, due à une évolution naturelle trop précoce, ou secondaire, c’est-à-dire provoquée par une pathologie.


Quelle est la prise en charge ?
H. B. :
Quand la puberté est vraiment précoce, un traitement par injection est proposé pendant deux ans afin de bloquer le processus. Cela permet d’améliorer le pronostic de la taille adulte et d’éviter à une petite fille d’avoir ses règles trop tôt. Quand la puberté est essentiellement déclenchée par l’obésité, le contrôle du poids permet parfois de retrouver une croissance normale. Enfin, il arrive que l’on oriente les familles vers un psychologue, mais j’observe que les enfants ne souffrent de la situation que par rapport aux autres. Le plus souvent, ce sont les parents qui sont désorientés !

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