Comment répondre à leurs questions sur l'origine du monde ?

Quelle est l'origine du monde ? Hmm… Voilà bien longtemps qu'on a renoncé à trouver la réponse ! Et pourtant, quand notre enfant vient, à l'âge de 3 ou 4 ans, nous poser ce genre de grande question, il faut bien y réfléchir à nouveau. Nicole Prieur, psychothérapeute, nous donne quelques astuces pour tenter de lui répondre.

 

 

Pomme d'Api : N'est-ce pas trop angoissant pour eux, cette prise de conscience du néant ?

N.P. : Ces questions sont beaucoup moins angoissantes pour eux que pour les adultes. Les enfants savent “inventer” des réponses rassurantes et structurantes. Ils mobilisent leur imagination pour créer leur propre récit des origines. Pour les tout-petits, il est difficile d'imaginer une création du monde sans démiurge, car ils n'arrivent pas à penser que seul le hasard présiderait à la création de la première fleur, du premier canard… Ils se posent la question : si maintenant une fleur existe, c'est à cause de quelles forces invisibles ? Ils imaginent un “Dieu” qui serait capable de créer cette antériorité et cette invisibilité. Ils sont étonnés par le surgissement de la vie. Pour eux, tout ce qu'ils voient ne peut venir que d'une force externe.

P. d'Api : Faut-il leur donner des explications “rationnelles” ?

N.P. : Les explications scientifiques (comme le big-bang, par exemple), les visites au musée (autour de la préhistoire, de l'histoire naturelle), les documentaires sur les dinosaures sont tout à fait bienvenus, non seulement parce que les enfants adorent ça mais surtout parce qu'ils donnent des repères nécessaires. Il est cependant essentiel de savoir dire aussi aux tout-petits que ces questions sont des énigmes merveilleuses, que les adultes n'ont pas réponse à tout, et aussi de leur montrer qu'il est possible d'être heureux avec des questions sans réponses. Car en posant ces questions, les enfants testent aussi notre désir de vivre. Et, à l'âge de 3 ou 4 ans, leur appétit de vie s'appuie sur celui de leurs parents.

Pomme d'Api : Finalement, comment les accompagner dans leur questionnement métaphysique ?

N.P. : Il me semble très important de leur demander : “Et toi, tu imagines quoi ?” Certains répondront qu'ils sont nés d'une étoile, d'autres qu'ils viennent du ciel, d'autres de la lune… Il est essentiel de les autoriser à construire la représentation de leur choix et à suivre leur propre cheminement. À eux de construire leur imaginaire pour répondre aux questions sans réponses, en enrichissant leur monde intérieur. Ce processus leur permet aussi de construire leur propre sécurité intérieure. Le plus important me semble être de leur montrer qu'en tant qu'adultes, nous ne sommes pas perdus face à leurs questions. L'angoissant pour eux serait de ne pas pouvoir les aborder avec leurs parents.

 

Le 27 octobre 2008 Nicole Prieur - Propos recueillis par Sophie Furlaud, pour Pomme d'Api

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