La philosophie, à l’école ou à la maison, prépare les petits à la vie

La philosophie, qu'elle soit présentée sous forme d'ateliers à l'école maternelle ou apparaisse spontanément dans le cadre familial, permet aux enfants d'apprendre à penser… pour mieux comprendre et appréhender le monde.

 

Pomme d’Api : Quel est l’objectif des ateliers philosophiques à l’école maternelle ?

Jacques Lévine : Le but des ateliers est précisément de passer de la question fugace que les enfants se posent naturellement sur la vie à une question plus systématique, reprise et approfondie. L'objectif est aussi de mettre tous les enfants en situation d'être des interlocuteurs valables et d'accorder de l'importance à leur pensée. Les enfants marginalisés font ainsi l'expérience d'une situation valorisante qui leur donne confiance en eux et les réconcilie avec l'école.
Mais il ne s'agit pas de permettre aux enfants de penser pour penser, il s'agit plutôt de leur permettre de penser pour comprendre, et ainsi de les préparer au monde et à sa complexité. Les ateliers philosophiques accompagnent la construction de la pensée qui s'élabore progressivement : à la maternelle, les enfants expriment leur pensée à travers leur expérience vécue et à travers leur imaginaire ; ils accèderont plus tard à une forme de conceptualisation.

P.A. : La famille est-elle aussi un lieu de philosophie ?

J. L. : La philosophie apparaît d’elle-même dans le cadre familial, par exemple, quand il faut parler d'un décès ou d'accidents de la vie ; c'est une réflexion sur les difficultés de la vie, sur l'adversité. Certains parents ont peur de parler des questions sérieuses qui pourtant passionnent les enfants au plus haut point (les injustices, la pauvreté…). D'autres parents, au contraire, se donnent pour objectif de préparer leur enfant à accueillir la vie. Ils les préparent à la fois au bonheur et à l'adversité, sans fatalisme ni révolte. En fait, la famille est un atelier de philosophie naturelle. Et pas uniquement par la parole… Par les réactions des parents face à la vie de tous les jours aussi : ne serait-ce que par leur façon de recevoir une facture !

 

Le 15 novembre 2008 Sophie Furlaud, Anne-Claire Beurthey et Jacques Lévine

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