Droits de l'enfant : Dominique Versini, Défenseure des droits de l'enfant, fait le point sur la situation en France

Vingt ans déjà ! Le 20 novembre 1989, l'Assemblée générale des Nations unies adoptait la convention internationale des droits de l'enfant. En France, elle est entrée en vigueur un an plus tard. Cette convention a-elle fait évoluer la situation des enfants dans notre pays ? Entretien avec la Défenseure des enfants, Dominique Versini.

 

Quels changements ont eu lieu depuis la signature de la convention par la France ?

Il y en a eu beaucoup. Parmi eux, il y a la réforme de la protection de l'enfance, en 2007. L'objectif : mettre l'accent sur la prévention auprès des enfants mais aussi de leurs parents. Le chantier sur le handicap a également abouti à une loi qui doit permettre à tous les enfants de poursuivre leurs études normalement. Mais, sur ce point, nous sommes encore très en retard. Nous avons progressé, mais ce n'est pas parce que l'on progresse un peu que l'on doit être content !

Justement, quels progrès reste-t-il à faire ?

En France, 2 millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Il y a de plus en plus de mamans seules, sous-qualifiées, coincées dans l'engrenage des petits boulots... C'est une situation intolérable. J'en reviens aussi à la question du handicap, qui est un problème quotidien : essayez donc de traverser l'Île-de-France en fauteuil ! La France doit mieux prendre en compte cette réalité dans ses politiques publiques. Nous avons aussi de gros progrès à faire en matière de mixité et de lutte contre les discriminations. Et puis, il y a la justice des mineurs qui, d'après moi, va dans le mauvais sens. On ne peut pas continuer vers le tout répressif : il faut parler avec nos enfants, c'est d'ailleurs une de leurs demandes principales.

Qu'attendent les jeunes de leurs parents aujourd'hui ?

Le bilan de la consultation nationale avec les ados que j'ai mené cette année repose sur trois mots : autorité, dialogue et confiance. Nos enfants nous disent qu'ils ont besoin de nous pour poser des règles, fixer des limites dès le plus jeune âge. Ils regrettent que leurs parents ne sachent pas transmettre leur expérience dans certains domaines, comme l'informatique et Internet en particulier. Ils veulent être protégés sur la Toile : qu'on sécurise le Net et qu'on ne les laisse pas tout faire car ils ont bien conscience des dangers. J'ai été très surprise et émue par la maturité de ces jeunes. Ils disent à leurs parents : faites-nous confiance et aidez-nous à grandir. C'est un beau message d'amour, non ?

 

Le 24 septembre 2009 Propos recueillis par Tiphanie Truffaut

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