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Pour aider les enfants à grandir
Le 8 juin 2023
Pourquoi certaines questions des enfants sont-elles embarrassantes ?
Aaah, les questions difficiles ! Celles que les enfants posent aux adultes, tels des philosophes, des curieux, des sages. Celles qui demandent toujours une réponse à hauteur de leur espérance, c'est-à-dire vraie, délicate, drôle ou poétique, mais aussi immédiate. Fanny Cohen-Herlem répond à nos questions pas si difficiles que ça.
Qu'est ce qu'une question difficile ?
C'est une question qui touche aux thèmes essentiels de la vie et de la mort : l'amour, la sexualité, la jalousie, le divorce… Ce type de questions traitent de thèmes universels et ne changent pas tellement à travers les époques. Elles embarrassent les adultes, interloqués de réaliser que l'enfant a autant de choses dans la tête. « Comment fait-on les bébés ? », « Est-ce que tu vas mourir un jour ? » sont, par exemple, des questions simples pour les enfants, mais qui provoquent chez les parents autant d'émerveillement que de perplexité face à ce savoir nouvellement exprimé.
Pourquoi ces questions nous embarrassent-elles tant ?
Les parents veulent apporter un maximum de réponses à leur enfant : l'époque du « c'est pas de ton âge » est révolue. Mais l'idéal de performance (il faut donner la réponse parfaite) ou un moule préétabli peuvent entraver leur liberté de faire. Ils ont alors tendance à s'autocensurer par peur de mal faire. Souvent aussi, les questions embarrassantes désarçonnent les parents parce qu'elles ramènent à leur propre vécu, parfois à des blessures inconscientes. Les questions relatives au sexe laissent des parents interdits, le sujet étant resté sans réponse dans leur enfance. La mort est également difficile à évoquer avec un enfant. Car c'est se répéter à soi-même qu'un jour, nous aussi on ne sera plus là.
Doit-on répondre à toutes les questions ?
Non. Si, comme le disait Dolto, la vérité construit les enfants, à l'inverse, le mythe de la transparence est néfaste. Par exemple, la vie privée et sexuelle des parents ne regarde qu'eux. C'est aussi valable pour les questions relatives à une trop grande violence (crime et délit par exemple). Le premier devoir des parents est de protéger leurs enfants. Pour certaines questions, il ne faut donc pas se sentir obligé de rentrer dans tous les détails. Pour d'autres, les parents peuvent aussi sécher. On peut dire « Je ne sais pas ! » (ou « je vais chercher » si on s'en sent capable). C'est bien de montrer aussi que l'adulte n'est pas surpuissant, qu'il a des limites.
Comment adapter les réponses ?
Il faut les adapter à la maturité de l'enfant. Concernant la sexualité, il faut faire preuve d'un peu de délicatesse et de poésie. À la question « Comment on fait les bébés ? », on peut répondre : « Il faut beaucoup d'amour pour faire un bébé. Ensuite il faut deux graines, celle du papa et celle de la maman ». Concernant la mort, on peut répondre : « Oui, je mourrai un jour mais dans très, très, longtemps ». Inutile d'évoquer des menaces, comme les maladies, sauf si le petit y a déjà été confronté.
À cet âge, la mort ne doit pas être liée à l'horreur ou l'angoisse. Les parents qui éprouvent de la gêne peuvent également avoir recours à des livres d'image. Et, au risque de choquer, on peut aussi parfois utiliser le second degré afin de dédramatiser certaines situations. À la question : « Pourquoi j'ai un petit frère qui me prend mes parents ? », pourquoi ne pas répondre « Maintenant qu'il est là on ne va quand même pas le jeter par la fenêtre, non ?! »
Que faut-il comprendre des questions d'enfants ?
Certaines interrogations en cachent d'autres, telles les poupées russes. Quand un enfant demande à sa mère adoptive « J'étais dans ton ventre, Maman ? », il cherche à savoir si c'est sa maman quand même, qui peut alors lui répondre : « je suis ta maman pour la vie ». L'enfant qui questionne ses parents a forcément quelque chose en tête. Sa question est comme une photographie : elle permet de savoir où il en est. La plupart du temps, il ne faut donc pas hésiter à lui retourner sa question : « Et toi, qu'est-ce que tu penses ? ». Mais dans tous les cas, un enfant qui n'obtient pas la réponse à sa question la reposera mille fois s'il le faut !
Le 11 janvier 2010 Entretien avec Fanny Cohen-Herlem, pédopsychiatre. Propos recueillis par Léa VILMER. Illustration de Jacques Azam.
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Pourquoi ?
Chaque semaine, le répondeur de l'émission de radio « Les p'tits bateaux » présentée par Noëlle Breham, recueillent les questions d'enfants. Le dimanche à l'antenne, des spécialistes leur répondent de façon simple et claire. Curieux de tout, les enfants posent des questions en relation avec leur environnement.
Scientifiques, culturelles, elles sont parfois surprenantes, drôles, mais toujours sérieuses : « Quel a été le premier mot sur terre ? », « Pourquoi on ne se souvient plus quand on était bébé ? », « Comment les hérissons font l'amour sans se piquer ? », « Pourquoi quand on se chatouille tout seul, ça ne marche pas ? » Plus étonnant encore : il n'y a pas que les enfants qui laissent des questions sur le répondeur mais aussi leurs parents !
Les p'tits bateaux, chaque dimanche à 19h30 sur France Inter.
Tél. : 01 56 40 43 57