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En famille

Quand je serai grand je serai... Entretien avec la psychologue Béatrice Copper-Royer

Quand je serai grand je serai... Quel enfant n'a jamais prononcé cette petite phrase anodine qui semble, dans sa bouche, se transformer en formule magique ? Quel en est le véritable sens : exprime-t-elle un simple rêve ou traduit-elle un réel désir de grandir ? Le regard de Béatrice Copper-Royer, psychologue et psychothérapeute

 

Comment un enfant, entre 5 et 7 ans, conçoit-il la notion d'avenir ?

B. C.-R. : Parler d'avenir à un jeune enfant, c'est lui dire ce qu'il fera le lendemain matin. À 5 ans, l'enfant évolue dans un univers de rêves, et paradoxalement il tente aussi de s'identifier aux adultes. Vers 7 ans, grâce à l'école, sa pensée devient plus rationnelle. Peu à peu, l'avenir ne lui apparaît plus comme un grand espace où tout est possible.

Avoir un métier, qu'est-ce que cela signifie pour un enfant ?

B. C.-R. : L'enfant conçoit avant tout le métier comme une nécessité. Travailler sert à gagner de l'argent, et l'argent permet de se sentir en sécurité. C'est aussi l'image que lui renvoient souvent ses parents. Il y a également chez lui un vif désir de plaire aux adultes.

Les enfants d'aujourd'hui rêvent-ils des mêmes métiers que ceux de leurs parents ?

B. C.-R. : L'enfant est très influencé par les modèles que lui proposent la télévision et la publicité. La valorisation sociale est plus importante pour lui que pour ses aînés. Les petites filles d'aujourd'hui rêvent de devenir célèbres, leurs mères avaient peut-être des désirs plus prosaïques. Les petits garçons, eux, se projettent plus facilement dans la peau d'un pilote de course que dans celle d'un pompier.

Quels sont les métiers les plus plébiscités par les enfants ?

B. C.-R. : Les métiers médiatisés sont très en vogue : chanteur ou footballeur. Néanmoins, vétérinaire reste une valeur sûre chez les petites filles, peut-être en raison de l'image « maternelle » de cette profession. Les garçons sont moins dans le concret.
Certains s'imaginent créateurs de jeux vidéo, alliant ainsi plaisir et utilité. Tous ces désirs sont à nuancer, les velléités professionnelles d'un enfant changeant constamment.

Se projeter dans l'avenir est-il important pour un enfant ?

B. C.-R. : Étant donné que l'enfant vit surtout dans le moment présent, il est difficile de parler de « projection dans l'avenir ». Les véritables projets que fait un enfant sont à court terme :
aller jouer au foot, partir en vacances... À travers les jeux, il peut exprimer quelques vagues perspectives plus lointaines révélant un désir de grandir, mais à cet âge, cela reste ludique.

Quel est le rôle des parents ?

B. C.-R. : Je ne vois pas l'intérêt d'encombrer prématurément l'esprit des enfants en leur faisant subir une pression parentale. Si les parents rencontrent des soucis au sein de leur vie professionnelle, ils peuvent expliquer à leur enfant ce qu'ils vivent, mais pas lui faire partager leurs difficultés. Les métiers exercés par les adultes sont souvent extrêmement abstraits pour les jeunes enfants, et cela est très bien ainsi. Laissons-les rêver !

 

Le 22 mars 2010 Entretien avec Béatrice Copper-Royer, psychologue et psychothérapeute, ropos recueillis par Nathalie Michel, illustration de Jacques Azam.

À propos de Béatrice Copper-Royer...

Vos enfants ne sont pas des grandes personnes

La société et les médias donnent une image de plus en plus adulte des enfants. Face à des enfants qui s'affirment toujours plus tôt, les grandes personnes se sentent parfois un peu dépassées. Comment réagir et remettre chacun à sa juste place ?

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