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En famille

Pourquoi les enfants aiment-ils autant construire des cabanes ?

Au fond du jardin, dans la forêt voisine ou même à la maison dans un recoin sous un escalier, les enfants ont vite fait de repérer les lieux propices pour y construire des cabanes. Pourquoi vouent-ils une telle passion à ces installations faites de bric et de broc ? Réponses d’Emmanuelle Rigon, psychologue.

 

Pomme d’Api : Les cabanes plaisent-elles aux enfants parce qu’elles ressemblent à une maison miniature ?

Emmanuelle Rigon : Sa dimension est en effet une raison essentielle de son succès : elle est à la taille de l'enfant. Quand il est à l'intérieur, les murs, le toit – même sommaires – sont tout contre lui. Il se sent ainsi comme dans un cocon. On peut faire l'hypothèse que cette sensation très rassurante lui rappelle des souvenirs de la période où il était nourrisson, très souvent tenu dans les bras, entouré.

D'un point de vue symbolique, la cabane le renvoie à l'image de la protection maternelle. Mais la symbolique paternelle n'est pas absente non plus : ériger une cabane rime avec puissance ! Ce lieu qui se trouve ainsi à la confluence du maternel et du paternel a donc tout pour séduire le jeune enfant.

P.d’A. : Que fait l’enfant dans sa cabane ?

E. R. : Le plus souvent, il y laisse libre cours à son imagination ! Soit pour reproduire des situations de la vie quotidienne et se livrer à des jeux d'imitation : la petite fille y fait la cuisine ou s'occupe de son bébé, le petit garçon bricole, construit des meubles. Soit pour créer de toutes pièces des histoires de princesses exilées au fond de la forêt ou d'aventuriers, seuls survivants sur une île déserte !

La cabane est un support particulièrement porteur et stimulant pour tous ces jeux imaginaires, indispensables au développement psychoaffectif de l'enfant. Dans sa cabane, il peut incarner différents personnages, expérimenter toutes sortes d'émotions, se sentir fort et héroïque, mettre en scène et évacuer des tensions, des angoisses.

P.d’A. : Plus qu’avec une maison de poupée ou un garage, eux aussi censés favoriser ces jeux d'imagination ?

E. R. : Il me semble, oui. Le fait qu'il puisse entrer tout entier à l'intérieur de sa cabane, qu'il l'ait lui-même construite, en traînant des branches d'arbre ou en accrochant de vieux draps, tout cela signifie une forte implication du corps. Or cette corporalité facilite à mon avis les projections, favorise le “faire comme si” : l'enfant est vraiment au cœur du jeu, au sens physique.

Et puis surtout, la cabane qu'il a fabriquée lui-même est moins formatée qu'un jeu tout fait acheté dans le commerce. Elle est imparfaite, ne ressemble pas forcément à grand-chose mais c'est lui qui l'a édifiée ! Et même si ce ne sont que trois branches et deux bouts de ficelle, elle peut devenir tout ce qu'il désire : une grotte, un château, un radeau, une écoleSon imagination ne rencontre aucune limite.

P.d’A. : Filles et garçons font-ils le même usage de la cabane ?

E. R. : On observe souvent une utilisation assez sexuée de la cabane, presque caricaturale. Les petites filles mettant davantage en avant le côté maternel et nourricier : elles y jouent à la dînette, préparent à manger. Les petits garçons explorant plutôt le versant paternel et aventurier : aller chasser, se défendre. Des jeux qui contribuent au renforcement de l'identité sexuée alors en pleine construction.

Mais cela n'empêche en rien les “croisements” ! La cabane sert en effet souvent d'alibi pour exprimer la part du sexe opposé qui est en soi. Le petit garçon va ainsi y cuisiner le sanglier qu'il a chassé, alors qu'à la maison, jamais il ne s'autoriserait à jouer à la dînette !

 

Le 27 juin 2010 Emmanuelle Rigon - Propos recueillis par Isabelle Gravillon pour Pomme d’Api - Juillet 2010

A propos d’Emmanuelle Rigon

Emmanuelle Rigon est psychologue, spécialiste de la petite enfance. Etant enfant, elle a elle-même passé de nombreuses heures à s'amuser dans une cabane, un pigeonnier désaffecté, où elle concoctait des potions magiques ! Une expérience qui, selon elle, a été riche en apprentissages.

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