Comment un tout-petit découvre-t-il les sons ?

L’univers des enfants est sonore, avant même la naissance ! Bruits, musique, chants et berceuses baignent le tout-petit qui y puise de l’amour et de la sécurité. Ils l’aident à explorer le monde et à le comprendre. Explications de Christophe Rosenberg, musicien, coordinateur de la pédagogie à la Cité de la Musique à Paris.

 

A quel moment débute l’exploration sonore du monde ?

Elle commence avant la naissance, dans le ventre de la mère. Le meilleur vecteur du son est l'eau. Le fœtus capte donc parfaitement les sons dans son corps. Il les perçoit, reconnaît les voix, les intonations. C'est un lien qui fera mémoire, un lien entre l'avant et l'après. Ensuite, au cours des premiers mois, il écoute en silence. A ce moment-là, le son aide l'enfant à comprendre ce qui se passe autour de lui. L'enfant ne peut pas s'extraire des bruits environnants, il est là, tout ouïe.

Il capte le “glou glou” du lait du biberon que le parent prépare, le bruit des pas dans la chambre, celui de la clé dans la serrure… Tous ces sons annoncent ce qui va arriver : l'heure de la tétée, le moment où il va être pris dans les bras, le retour de papa ou maman… L'enfant commence ainsi à se repérer dans le temps.

Puis, le voilà qui se met à explorer les sons avec son propre corps, sa bouche, ses mains, ses pieds. Viennent alors les babillements, puis la franche production de sons.

Quand l’enfant commence-t-il vraiment à jouer avec les sons ?

Aux alentours de 8-10 mois, il découvre qu'il fait du bruit, qu'en tapant sur une casserole, un radiateur, ou le carrelage, par exemple, il provoque des sons. Il peut aussi créer des sonorités avec sa bouche, en claquant la langue. Il recommence encore et encore parce qu'il vérifie que c'est bien sa main sur la cuillère, son pied sur le sol ou sa propre bouche qui déclenchent ces sons.

Il découvre ainsi qu'à un geste correspond un son et surtout qu'il peut faire varier ce son. Il vérifie ses hypothèses comme un explorateur ou un scientifique. Laisser alors à un tout-petit des objets non dangereux à sa disposition est d'un grand bénéfice : cuillères en bois, couvercles en métal… C'est l'occasion, pour lui, d'expériences sonores étonnantes et enrichissantes.

Le son développe-t-il aussi l’imaginaire des petits ?

C'est exact. Je l'ai souvent constaté dans les animations que nous réalisons auprès des enfants. Tout petits, ils se laissent emporter par la musique qui rythme les contes. Un peu plus tard, les enfants produisent les sons qui accompagnent leurs histoires et leurs jeux. Ils inventent des “badaboum”, imitent des pas sur le gravier ou bruitent l'ogre affamé pour faire semblant et imaginer des situations.

Que se passe-t-il entre l’enfant et le parent, lorsque celui-ci chante à son enfant ?

Même s'il ne comprend pas précisément le sens des mots, l'enfant perçoit que la personne qui chante veut entrer en relation avec lui. C'est un message.

Il signifie “je t'aime, je te donne cette chanson et toi, par l'écoute, tu me donnes en échange un sourire, tu réagis…” L'enfant répond et les deux s'accordent. C'est formidable. Chanter avec son enfant est une jolie manière de communiquer avec lui. Et les berceuses et les chants que vous lui transmettez dans sa petite enfance sont pour lui des repères affectifs et sécurisants.

 

Le 25 octobre 2010 Propos recueillis par Maria Poblete, Popi, novembre 2010