Ados et sexualité : que faire contre la banalisation de la pornographie ?

Les adolescents sont aujourd’hui confrontés de plus en plus jeunes à des films, des vidéos et des images pornographiques. Et les pratiques montrées sont toujours plus violentes. Comment les ados réagissent-ils à ces scènes ? Que faire pour qu’elles n’affectent pas leur construction affective et sexuelle ? Les réponses de Marion Haza, psychologue.

 

Un accès aux images pornographiques facilité 

Avec l'arrivée des chaînes câblées et d'Internet, les vidéos et les films pornographiques se sont multipliés. Sans compter l'accès immédiat aux images par la téléphonie mobile. Avant, il était plus difficile pour les mineurs de se procurer une cassette pornographique. Il est aujourd'hui devenu courant et facile de télécharger des films X gratuitement sur Internet.

“Sur la tranche d'âge des 14-18 ans, les études révèlent que 80 % des garçons et 40 % des filles interrogés ont été confrontés à des images pornographiques sur Internet ou à la télévision dans l'année écoulée”, indique Marion Haza.

Faut-il s'en inquiéter ? “La sexualité est un questionnement typique de la puberté, rappelle Marion Haza. Des études récentes montrent que ce sont les élèves de quatrième au collège qui voient le plus d'images pornographiques. Cette recherche active correspond bien à l'entrée dans la puberté et aux premiers contacts, au niveau fantasmatique, avec la sexualité.”

Il faut marquer la distinction entre pornographie et sexualité

L'inquiétude vient plutôt de l'escalade des pratiques montrées (scènes de zoophilie, de sadomasochisme, etc.). “Interrogeons-nous aussi sur la banalisation des images pornographiques dans notre société, souligne Marion Haza. Elles envahissent la télévision, la publicité, les magazines… quitte à devenir la norme en matière de représentation de la sexualité.”

Il est justement essentiel de marquer la distinction entre pornographie et sexualité. “La pornographie ne représente ni la norme, ni la réalité de la sexualité, rappelle Marion Haza. On est dans la performance, le montage d'images, le mode d'emploi, qui n'ont rien à voir avec une vraie relation.”

Ces représentations éloignent-elles les adolescents de la réalité ? Peuvent-elles induire de nouveaux comportements chez les plus jeunes ou les plus fragiles ?

La plupart des ados se rendent compte que les films pornos sont truqués

Eduqués à la lecture de l'image dès l'école primaire, devenus eux-mêmes producteurs de photos, de films, les adolescents sont très avertis sur la valeur de ce qu'on leur montre. “Si on leur explique, ils ne sont pas dupes, ils se rendent bien compte que les films pornos sont truqués”, commente Marion Haza.

Les jeunes bien structurés et qui peuvent questionner leur entourage sans tabou, prendront de la distance par rapport à ces images. Pour les adolescents plus fragiles, repliés sur eux-mêmes et qui ont du mal à entrer en relation avec les autres, il est parfois plus difficile d'en décoller. 

Les dérapages du “porno-pocket”

“Ce qui est nouveau, souligne Marion Haza, c'est la possibilité, dans le registre pornographique comme ailleurs, de se mettre en scène soi et de mettre en scène les autres.”

Le phénomène du “porno-pocket” est apparu dans les couloirs des collèges et des lycées avec la diffusion immédiate, grâce aux téléphones portables, d'images ou de vidéos trafiquées, impliquant des professeurs ou d'autres élèves. Les dérapages ne sont alors pas contrôlés…

 

Le 27 janvier 2011
Sophie Coucharrière
Photo : Aeolos-Thinkstock

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